Loading...



Les aventures de Jérôme Lagibotière



La grotte des chamanes


Pour ce qui est de l'aventure dans la grotte, c'est une circonstance où j'ai failli mourir de façon terrible, n'eût été de la présence d'esprit de mon compagnon Jos Testament et du courage d’un jeune garçon. Je m'étais aventuré dans une grotte qui donne sur la rivière Témiscamie. C'était, paraît-il, une grotte réservée aux chamanes; on la disait dangereuse. Jos m'avait dit :

— Vas-y pas tout seul, le jeune, c'est plein de tunnels mystérieux, tu vas te perdre.

Mais ma curiosité fut plus forte que ma prudence. Un jour que je n'avais pas grand-chose à faire, je décidai d'aller explorer la grotte. J'avais apporté des chandelles pour m'éclairer. Au début, aucun problème. Je pus visiter deux ou trois grandes salles avec des décorations peintes sur les murs. Il y avait aussi des traces de feu. Puis je m'engageai dans une sorte de tunnel. Ce tunnel devint de plus en plus petit et je dus ramper. Pas facile avec une chandelle à la main.


Puis le boyau se mit à pencher vers le bas. Je continuai à avancer. Tout à coup la pente devint très prononcée. C'était mouillé et glissant. Je ne pouvais plus m'arrêter. Finalement le boyau s'est rétréci et je suis resté coincé dedans. La chandelle s'était éteinte. Je ne pouvais quasiment plus bouger; j'avais la tête lourde de sang.

Là j'ai réalisé ma témérité. J'étais pris, tout seul, dans un trou d'où je ne pouvais sortir. La pierre m'enserrait de tous côtés comme dans un tombeau. J'allais certainement crever dans ce trou comme un rat. Dieu, aie pitié de mon âme. J'ai certainement passé plusieurs heures à me morfondre et à pleurer sur mon sort. Tout à coup j'ai entendu une voix caverneuse :

— Hééérrrôôômmmme!

C'était Jos Testament! Là je me suis mis à crier comme un fou. Il m'a dit de ne pas m'exciter, qu'il s'en venait me chercher.

Au bout d'un moment, j'ai senti des mains en train de m'attacher une corde après les chevilles. Puis ça s'est mis à tirer. Et ça tirait, et ça tirait. Je me sentais comme un bouchon coincé dans un goulot bien sec! Finalement, j'ai senti que je décollais de mon trou et que je reculais. Petit à petit, on m'a tiré hors de ce satané boyau.

Quand je suis sorti dehors, j'ai vu Jos avec plusieurs autres indiens, des Cris. C'est eux qui m'avaient tiré de ce mauvais pas. Il y avait aussi un jeune d'à peu près 10 ans. Jos m'a dit :

— C'est lui qui est descendu dans le boyau pour aller t'attacher les chevilles; nous autres on aurait pas été capables. Tu peux le remercier d'avoir été aussi brave!

Ce que j'ai fait avec beaucoup d'émotions en serrant le jeune dans mes bras. Finalement on a fait une fête pour célébrer l'événement. Ça a l'air que c'est devenu une légende chez les Cris de la Témiscamie.

Lire la suite...