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Les éditions Gonzague

Souvenir d'un voyage au Saguenay

Par Marianne Tremblay [1991]


Un roman historique, pourquoi pas ?

Ce roman a été réalisé à l'école secondaire P.-G.-Ostiguy de Saint-Césaire, dans le cadre d'un cours d'introduction aux logiciels outils. Marianne Tremblay était alors en troisième secondaire. L'enseignant responsable du groupe avait mis en place une console d'écriture.



Introduction


C’était en 1836, une belle journée de fin d’été débutait. Une légère brise pénétrait par la fenêtre du salon, réveillait le silence et venait chatouiller la nuque d’Alexandre. Ils étaient, Yvonne et lui, dans leur respectable demeure de Québec, petite ville paisible et charmante sur le bord du fleuve Saint-Laurent. Les paysages y étaient superbes. Le soir, les couchers de soleil ravissaient le regard. Souvent, après la pluie, l’arc-en-ciel venait se blottir juste au-dessus du jardin où poussaient les légumes. Le matin, le ciel, encore gelé par la fraîcheur de la nuit, dégageait une senteur vivifiante. Puis, le soleil apparaissait à leurs yeux éblouis. Le ruisseau, coulant à leurs pieds, ajoutait à l’endroit une note enchanteresse. Malgré la fraîcheur automnale qui sévissait à cette époque de l’année, quelques oiseaux restaient avec eux, perchés sur la corde à linge. Ils les quitteraient lorsqu’ils cesseraient de les nourrir. La vie était agréable et douce malgré la pauvreté qui s’était infiltrée partout.

Alexandre, très nerveux, était assis sur le canapé brun un peu usé par les années. Il entendit au loin le galop des chevaux sur le petit chemin de terre passant devant la maison. Ce bruit, que d’habitude il aimait, le rendit encore plus anxieux. Il sentit son coeur vibrer et son sang se glacer.

— Alexandre! Alexandre! ils sont là! cria sa femme.

Au son de sa voix, il se leva d’un bond.

C’était bien vrai cette fois. Le maire de la ville, monsieur Gagné, grand homme puissant, accompagné de ses fidèles, se tenait sur le portique. Il venait pour lui parler. C’était un grand honneur pour eux, petits villageois de Québec. Il prit son courage à deux mains et s’avança. Il aperçut sa femme, très nerveuse elle aussi, toujours belle, jeune et irrésistible. Quand elle le vit, elle s’avança vers lui et lui prit la main. Cela le rassurait de la savoir près de lui.

— Bonjour, monsieur Marchand, dit le maire, nous avons une bonne nouvelle à vous annoncer, mais avant, je prendrais bien une tasse de thé.

Il aimait faire languir les gens. Selon les villageois il était le meilleur maire de tous les temps. Les habitants l’aimaient et le respectaient. Il fit signe à ses associés de le laisser et vint s’asseoir dans la cuisine. Le thé était prêt. Les secondes s’écoulaient comme des minutes. Alexandre lui en voulait, à ce sacré maire, de le faire patienter pour son simple plaisir. Il prit une gorgée de thé et lui dit :

— Mon cher Alexandre, vous devez vous douter du pourquoi de ma visite? Il prit une longue gorgée et la savoura longuement.

— Je ne vous ferai plus patienter, je vois que vous êtes très nerveux. Ça y est! vous partez. Le voyage a été confirmé, vous faites partie de l’équipage.

Les battements de son coeur résonnaient dans sa tête. Des larmes de joie coulaient sur ses joues. Il prit sa femme dans ses bras et la serra si fort qu’elle fut presque étouffée. C’était vraiment le plus beau moment de sa vie.

— Vous partirez dans un mois, le 23 août, pour une durée de 2 mois. Le départ aura lieu à Montréal à l’entrée du lac des Deux-Montagnes. Vous serez sept passagers. Vous emprunterez le fleuve St-Laurent, ferez escale à Tadoussac et atteindrez finalement Grande-Baie par la rivière Saguenay. Un chargement de fourrure vous y attendra. Vous reviendrez à Montréal aux bureaux de la compagnie sur la rue Notre-Dame. J’ai donné à vos équipiers tous les renseignements qui vous seront utiles. Tenez!

Il lui tendit une feuille de papier représentant le trajet à parcourir. Il avait débité tout cela si vite qu’Alexandre n’en comprit que la moitié. Il voulait en savoir plus, il avait des centaines de questions à poser, mais sa langue était paralysée.

— Maintenant je dois y aller, j’ai du travail. Bonne chance! Il repartit aussi vite qu’il était venu. Alexandre était encore sous le choc, il avait la gorge serrée et sentait son coeur battre de tout son sang. Sa femme le regardait, elle semblait triste. Il la prit dans ses bras et elle fondit en larmes.

— Ne pleure pas chérie je vais revenir! Deux mois, ce n’est pas la fin du monde!

— Je ne resterai pas dans cette maison à t’attendre, tu le sais, et puis, si tu pars, tu risques de passer ta vie à voyager, ajouta-t-elle, en laissant échapper quelques sanglots étouffés. Je ferai mes bagages et partirai quand tu ne seras plus là, je retournerai chez ma mère.

Elle cessa de pleurer et se dirigea vers sa chambre. Il la connaissait trop bien. Cela faisait un an qu’ils étaient mariés. Elle ne changerait pas d’avis. Cela l’attristait, mais la joie était plus grande. Il partait le vingt-trois août; d’ici là, il devait préparer ses bagages. Il n’emporterait que le nécessaire. Il ferait ses adieux à ses parents. Il ne lui restait qu’un mois; tout se passerait très vite.

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