Loading...



Le voyage d'Ovide Polansky



Le refuge


Après une course éperdue à travers les champs, je me trouvai devant un cours d'eau qui me barrait la route. Je m'arrêtai quelques instants pour reprendre souffle. J'entendais des jappements rageurs se rapprocher rapidement. Il me fallait prendre une décision et vite!

Janda avait un peu retrouvé ses esprits et me convainquit qu'elle était maintenant en mesure d'avancer sans mon aide, malgré les gémissements de douleur qu'elle tentait vainement d'étouffer dans sa gorge.

Nous décidâmes de nous diriger dans la direction du courant, pataugeant à quelque distance de la rive pour brouiller nos pistes. Nous barbotions ainsi depuis plusieurs minutes lorsque ce qui nous parut être une île émergea de la masse vaporeuse surgissant du cours d'eau, à deux ou trois arpents d'où nous nous trouvions. "Une île! Regarde, c'est une île!" râla Janda, hors d'haleine. Il faut nous y rendre! Il faut, il faut... traverser!"


Nous nous laissâmes tomber par terre pour nous reposer un peu. "Reste ici, Janda, je vais voir aux alentours si je ne pourrais pas trouver quelque chose..." Pas très loin de là, je tombai sur une vieille barque renversée sur le côté. Je la mis promptement à l'eau pour vérifier si elle était en état de flotter. Un peu d'eau s'insinuait entre les planches rongées par les intempéries, mais pas suffisamment pour constituer un danger, vu la faible distance que nous avions à parcourir. J'appelai Janda. Elle se blottit au fond de cet esquif de fortune et nous traversâmes sans encombre. Nous entendions les chiens hurler et glapir de dépit, là, juste de l'autre côté...

Janda demeura dans l'embarcation pendant que je me mis à la recherche d'un endroit pour gîter. Après avoir gravi une pente escarpée, je me fis un chemin à travers une végétation assez dense avant de déboucher sur un petit sentier que je suivis. Il aboutissait à une cahute de rondins, plantée sur un promontoire rocheux et encerclée par de vieux arbres rabougris. Je m'assurai qu'elle n'était pas habitée et je m'y introduisis.

À l'intérieur, il y avait une espèce de foyer de pierres assez primitif, une table bancale, deux grosses bûches faisant office de bancs et une vieille paillasse crasseuse. Au mur, accrochés à des chevillettes de bois, pendaient de vieux vêtements délavés et rapiécés ainsi que ce qui me semblait être des filets de pêche. Quelques plats de terre cuite, pour la plupart fêlés ou ébréchés, complétaient cet ameublement sommaire.

Je m'empressai de faire du feu dans le foyer avec des restes de copeaux qui jonchaient le plancher de terre battue et je courus chercher Janda.

Lire la suite...