Cette lettre m’est parvenue à la fin de l’automne dernier.
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Le jeune Tomasz Ciesielki est véritablement déterminé. Il a réussi l’impossible: trouver une aiguille dans une botte de foin! Il a tenu à venir à Prologue pour me la remettre en mains propres. Il a passé trois jours à la maison. Il m’a donné des nouvelles de mon pays natal et, surtout, il m’a grandement aidé à traduire en français les 12 feuillets qui composent cette très touchante missive. Il compte s’établir à Montréal comme cordonnier, un métier qu’il a appris de son père, lorsqu’il était adolescent. Ovide Polansky |
Ce sera un miracle si cette lettre te parvient jamais. Je l’ai confiée à un jeune marin du nom de Tomasz Ciesielki que j’ai rencontré il y a quelque temps. Il m’a fait part de son dessein de traverser les mers pour s’établir, comme toi, en terre d’Amérique. Ce jeune homme m’a paru déterminé et courageux et j’ai confiance qu’il atteindra son but. Je conserve donc le fragile espoir qu’il pourra trouver ta trace dans cette vaste contrée où tu avais grand désir de te rendre. Malgré tous ces mois qui se sont écoulés depuis notre séparation, je ne t’oublie pas cher, cher Ovide... Si tu savais comme je regrette ma folie !
Comment te portes-tu, cher ami ? Que fais-tu dans ton pays d’adoption ? As-tu réussi à retrouver le village où habite ton oncle ? T’a-t-il bien accueilli ? As-tu établi un foyer ? Ces questions, je me les pose bien souvent. Si jamais tu reçois ma lettre, seras-tu assez bon pour y répondre en me parlant longuement de toi... J’ai pensé que tu aimerais connaître les détails de ma vie depuis cette nuit où je t’ai abandonné, croyant préférable de te laisser accomplir ton destin. Je sais tous les efforts que tu as déployés pour essayer de trouver ma trace. |
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Je t’ai observé de loin, à la sauvette, le visage inondé de larmes, seule avec mon désespoir dans cette ville inconnue. Un moment j’ai cru que tu m’avais aperçue dans la foule grouillante de ce marché public où tu courais en tous sens... T’en souvient-il ?
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