Les enfants s'amusent, première partie.

Paulin Larose, chef de bande, 5 juillet 1855.

Chers amis du futur,

Cela fait 7 mois que le régime seigneurial est aboli, et si vous croyez que les choses se sont calmées, vous vous trompez royalement ! Les adultes sont encore plus mêlés qu'un sac de nœuds. Entre ceux qui se sentent plus riches et ceux qui se sentent plus endettés, ça n'arrête pas de chicaner.

Alors, pour se moquer un peu de toute cette confusion, notre ami Marc Borduas a inventé un nouveau jeu. On s'est tous réunis dans notre cabane secrète au fond du bois : Marc, Henri-Firmin, le jeune Mathieu Martin et moi. Le nom du jeu : "Abolissons le régime qui a aboli le régime !"

L'idée est simple : nous sommes le nouveau gouvernement de Prologue, et nous allons créer une loi encore plus nouvelle pour remplacer la nouvelle loi qui ne semble plaire à personne.

Marc, bien sûr, s'est autoproclamé "Grand commissaire de l'absurdité". Il s'est fabriqué un chapeau avec une plume de geai bleu et a pris la parole.

« Mesdames et messieurs du gouvernement ! Le peuple grogne ! La situation est catastrophique ! Notre première loi doit redonner le sourire à nos habitants. Je propose donc une taxe sur les sourcils froncés ! Toute personne surprise à faire la baboune sur la place du village devra payer une amende d'un sourire ! »

Mathieu Martin, qui jouait le scribe, a écrit ça très sérieusement sur une écorce de bouleau.

Henri-Firmin McLean, qui est toujours pratique, a pris la parole : « C'est bien beau, mais ça ne règle pas le problème des dettes. Moi, je propose qu'au lieu de payer avec de l'argent, on paie avec des services. Par exemple, pour rembourser sa terre, Léon Simard devra faire le clown à la prochaine épluchette de blé d'Inde ! »

« Excellente idée », s'est exclamé Marc Bouduas ! « Et Eustache Lavoie devra chanter une chanson à l'église tous les dimanches ! Mais attention, en chantant comme une grenouille ! »

On a ri pendant au moins cinq minutes. On a inventé des lois toutes plus folles les unes que les autres. On a remplacé les piastres par des "points de bonne humeur" et les contrats par des poignées de main. C'était simple, drôle, et tout le monde était égal.

Puis, Henri-Firmin est devenu sérieux. « Bon, on a bien ri, mais on n'a pas réglé le plus gros problème. Qu'est-ce qu'on fait avec le nain de jardin éternellement affamé ? Comment on s'en débarrasse pour de bon ? »

Un grand silence s'est fait dans la cabane. C'était la question la plus importante. Et je crois bien qu'on a trouvé une solution... mais ça, je vous la raconterai dans la deuxième partie de notre grande pièce de théâtre !

À suivre...

Paulin Larose,chef de bande et apprenti cordonnier.

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