Le mâle de Prologue face à la nouveauté

Édith Desrosier, observatrice de la faune locale, 21 février 1854.

Chers amis et futurs savants,

Dimanche dernier, j'ai pu observer un phénomène fascinant sur le parvis de l'église, un lieu d'étude habituellement très calme. Sujet de l'observation : plusieurs spécimens d'habitants adultes mâles de notre village, confrontés à une modification de leur habitat naturel (la loi seigneuriale).

Leurs réactions furent spectaculaires. J'ai pu identifier deux groupes distincts.

Groupe A (les "Gardiens de caverne"). Mené par le spécimen Léon Simard, ce groupe communique par des grognements sonores et des gestes larges. Leur cri principal semble être : « C'était mieux avant ! » Ils perçoivent tout changement comme une menace à leur tas de foin et soupçonnent les autres de vouloir le leur dérober.

Groupe B (les "Marchands à plumes") : Le spécimen Eustache Lavoie en est le chef. Ce groupe se pavane en gonflant le poitrail. Leur cri dominant est : « L'avenir, c'est moi ! » Ils voient le changement comme une occasion d'agrandir leur nid et de collectionner plus de brindilles brillantes que les autres.

Chicane sur le parvis de l'église

La confrontation fut intense. Les deux groupes se sont tourné autour pendant plusieurs minutes, le plumage hérissé, dans une danse territoriale complexe. J'ai noté que les femelles de chaque groupe tentaient de calmer les mâles avec des petits coups de coude discrets, sans grand succès.

Marc Borduas, à côté de moi, avait l'air de vouloir leur lancer des noisettes pour voir ce qui arriverait. J'avoue que l'idée était tentante.

Conclusion préliminaire : Il semble que l'abolition du régime seigneurial ait le même effet sur certains hommes qu'un coup de pied dans une fourmilière. Chacun s’agite dans tous les sens, rempli de colère, sans véritablement comprendre ce qui le motive. L'étude se poursuit.

Édith Desrosier, votre naturaliste en herbe.

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